En 2022, le creux de la vague Web3 se dessine. Une chiffre illustre la fin de la frénésie autour des NFTs notamment : le volume de transaction sur la plateforme de référence Opensea a chuté de plus de 90% depuis son pic de janvier 2022. Avec l’effondrement du cours des cryptomonnaies en parallèle, c’est le moment de vraiment réfléchir avant de lancer votre média dans le web3. Voici trois conseils incontournables pour vous prémunir d’un échec et engager vos audiences autour d’une expérience fédératrice.

Trois conseils pour éviter que votre médias ne se plante dans le Web3
Et votre communauté alors, vous la choyez ? Vérifiez ici

En vous épargnant un échec cuisant (comme The Vault lancée par CNN et fermée un an plus tard), on veut surtout vous partager notre enthousiame sur le sujet et faire prendre conscience à chaque que les opportunités sont nombreuses et des projets utiles et sympas dans ce secteur, ça existe.

The Vault by CNN

Disclaimer : seul champs du web3 que nous n’allons pas couvrir, c’est le métaverse. On a déjà suffisamment à faire avec les token, NFT, DAO et autres acronymes. Peut-être dans un prochain dossier ? En attendant, on vous conseille ce super article “Le Métaverse peut-il sauver le journalisme ?” de Thomas Seymat.

À garder en tête

Trois valeurs qui font l’essence même de la culture Web3 selon nous, et auxquelles vous et votre projet ne pourrez pas déroger :

  • Transparence — Tout est public, accessible et consultable à tout moment dans la blockchain (transactions, smart contracts, users…)
  • Propriété — Dans une logique de décentralisation, la propriété de tout actif numérique est donnée et transférée aux personnes qui l’achètent car chaque actif numérique devient unique et certifié en ligne (la fameuse comparaison JPEG vs NFT).
  • Utilité — Pour les personnes qui adhèrent au projet, il doit y avoir une valeur-ajoutée. Une valeur-ajoutée seulement pécunière, ça ne compte pas.

Vous ne vous y retrouvez pas complètement ? Pouvez-vous mieux intégrer les dimensions manquantes ?

#1 Jouez cartes sur table vis-à-vis de votre audience

Comment va-t-elle accueillir ce nouveau projet ? Qu’est-ce que vous attendez d’elle ? Qu’est-ce que vous lui promettez ?

Pensez utilité, transparence et propriété. Votre projet aura d’autant plus de chances d’être accepté et adopté si vous jouez cartes sur table.

Prenez Snowball. Créée par Yoann Lopez en 2020, la newsletter démocratise la gestion des finances personnelles et l’investissement sous toutes ses formes. Elle a fait ses premiers pas dans le Web3 avec un cas pratique concret : pour expérimenter et impliquer ses abonnés, Yoann a lancé une collection de NFTs, à l’effigie de Snowie, la mascotte de la newsletter.

 Transparence dans la démarche, elle est expliquée de A à Z par Yoann : comment il s’y prend pour créer les NFTs, ce qu’il va faire de l’argent, l’intérêt pour lui… Le tout compilé dans une newsletter dédiée : Behin The Curtain.

✅ En plus des contreparties pour les détenteurs des NFT, il y a un vrai bénéfice pour tous les lecteurs qui apprennent par un cas pratique comment fonctionne un NFT.

✅ Acheter un NFT, c’est aussi une façon enfin de soutenir Snowball, ce qui était à l’origine un projet personnel de Yoann Lopez et qui aujourd’hui lève près de 2 millions grâce à sa communauté 👏 ).

Quelques questions concrètes que vous devez vous poser :

  • Avez-vous une audience identifiée et engagée ? Si vous avez des abonnés, des donateurs, un programme qui permet à votre public de vous suivre, alors vous avez un public. S’il est réceptif et que vous intéragissez, alors c’est encore mieux.
  • Pouvez-vous expliquer votre projet et ses avantages simplement ? Votre public n’est probablement pas composé de Consultant NFT ou COO Metaverse. Entraînez-vous à expliquer votre projet comme si vous l’expliquiez à un enfant de cinq ans.
  • Comment prendre part au projet concrètement ? Cette collection de NFT ou token que vous lancez crée un nouveau parcours de conversion. Il faut faciliter ce tunnel d’achat en rendant le plus simple possible la mise à contribution de votre communauté, que ce soit un achat, s’inscrire sur une liste, rejoindre un Discord…

#2 Soyez en cohérence avec votre ligne éditoriale

Si votre projet est cohérent avec votre mission et positionnement, alors il sera d’autant plus facile de le lancer. À la fois à l’externe auprès de vos soutiens. Mais aussi en interne auprès des membres de votre équipe qui pourraient posséder quelques compétences ou connaissances utiles.

Chez 20 Minutes, un quotidien généraliste a priori sans appétence particulière pour le web3, Laurent Bainier expérimente depuis quelques annnées. Il lance des initiatives en interne comme il le raconte dans son passage chez Mediarama le podcast. C’est donc tout naturellement qu’il pitche le projet 20 mint et finit par le lancer.

✅ Un nouveau magazine distinct du quotidien qui traite du Web3 et qui cherche à le démocratiser auprès du public de 20 Minutes, qui n’y connait pas forcément grand chose.

✅ Une vente de 999 NFTs qui donnent le droit de participer à la conception de ce magazine. Un magazine fait par des amoureux du Web3 qui partagent donc le même projet éditorial : démocratiser le web3.

✅ Un projet avec une feuille de route claire, et qui va au bout de sa pensée avec l’instauration d’une DAO pour la gouvernance éditoriale du magazine.

Lancement de 20 Mint et de ses machines à écrire sous forme de NFT
Lancement de 20 Mint et de ses machines à écrire sous forme de NFT

Si votre objectif est simplement de rajouter une ligne de revenu sur votre compte de résultat en vendant une collection de NFT sans grand intérêt, à vos risques et périls. Certains comme le Time se sont fait plusieurs millions de la sorte. Mais l’euphorie et le FOMO qui ont participé au succès de ces ventes sont révolus. Pensez sur la durée.

Prenez la vente du premier tweet de Jack Dorsey, co-fondateur de Twitter. Le NFT s’est vendu pour plus 2,9 millions de dollars début 2021. Quelques mois plus tard, lors d’une nouvelle mise aux enchères, les offres ne dépassent pas 280$.

Malgré ce genre d’échecs, qui participe à la mauvaise publicité du Web3 (Society on vous voit 👀), on reste persuadés qu’il y a des super choses à faire. On vous liste donc nos apprentissages pour éprouver votre projet.

Quelques questions concrètes que vous devriez vous poser :

  • Avez-vous déjà testé des sujets Web3 auprès de votre lectorat ? Si non, l’idéal est de tâter la température avec quelques des articles thématiques ou des fonctionnalités exclusives pour quelques lecteurs beta-testeurs. Selon la relation que vous entretenez avec vos lecteurs, sondez les directement, demander leurs avis, leurs envies.
  • Parmi vos équipes, qui peut porter ce projet ? Les talents qui peuvent porter ce genre de projet ne courrent pas les rues. Peut-être que vous avez des experts cachés au sein de votre média.
  • Quel est votre projet à long terme ? Que ce soit une initiative ponctuelle ou un projet stratégique sur plusieurs années, la façon de l’intégrer et de le présenter sera la même : commencez petit, itérez, construisez brique par brique. Et restez transparent sur l’avancement du projet (publiez une feuille de route claire et mettez la à jour !)

#3 Privilégiez la solution la plus simple

Est-ce que vous êtes vraiment prêt à investir du temps et de l’énergie tout en prenant des risques, pour proposer une solution compliquée à un problème simple ? Le Web3 donne envie de se positionner sur ce nouveau territoire et d’innover, c’est bien. Mais innover pour innover, c’est pas ouf.

Vous voulez améliorer l’expérience utilisateur sur votre plateforme en faisant des airdrops de NFT uniques lorsque les utilisateurs accomplissent certaines actions ? On peut arriver au même résultat avec des badges à débloquer dans leur espace membre, sans contraindre l’utilisateur à se créer un wallet.

La vraie question est donc : est-ce que votre projet peut déjà être fait en Web2 ? Si oui, laissez le Web3 de côté et allez au plus simple. Vous serez étonné du nombre d’idées qui partent à la poubelle après cette question.

#3bis Arrêtez votre bullshit

L’une des raisons pour lesquelles le Web3 attire, c’est que c’est nouveau et que ça brille. Mais c’est pourtant bien plus que des phrases criblées d’enchainements de concepts et mots incompréhensibles. En réalité, vos abonnés ne devraient jamais avoir à lire ce genre de phrases. Ils s’en foutent. Ce qu’ils veulent, c’est quelque chose d’utile.

Votre lecteur ne devrait même pas savoir qu’il utilise des technos complexes dans son quotidien. C’est d’ailleurs déjà le cas, pourquoi alors faire exception ici ? Lorsque vous faites une recherche Google, est-ce vous savez vraiment comment fonctionne le moteur de recherche ?

Épargnez donc votre public ce qu’il n’a pas besoin de savoir. En revanche, ne lui cachez rien sur les tenants et aboutissants de votre projet.

Pour conclure, et parce qu’on aime imaginer comment les médias peuvent innover chez CosaVostra, quelques idées à débattre :

  • Quand est-ce qu’on déterre le PassMedia pour le remettre au goût du jour ? Imaginez un SSO où le compte utilisateur est un wallet numérique. Chaque lecteur pourra s’abonner / acheter des articles sur l’ensemble des sites de presse français, sans friction. Ils auraient aussi le choix de donner ou non leurs données à certains éditeurs, car ils seraient propriétaires des données de leur profil et de leur navigation.
  • Quand est-ce qu’on crée une DAO pour l’émission “Qui veut être mon associé ?” de M6 ? On pourrait intégrer un club fermé d’investisseur dont la carte de membre est un NFT de l’émission. Chaque NFT donnerait un droit de vote sur les décisions du jury, la sélection des candidats, et accès à du contenu en avant-première comme le pitch deck de certaines entreprises.
  • Et si on offrait la possibilité de financer la couverture de certaines thématiques et sujets par les auteurs, via l’achat de token ? Bon sur ce coup là, ça existe déjà. Mais on voulait vraiment vous parler de cet exemple : celui de The Generalist, une newsletter tech et crypto. Et ça, grâce à Mirror.xyz, une plateforme où les créateurs de contenus peuvent vendre leur travail via financement participatif. The Generalist a décidé de faire financer une analyse enrichie du formulaire S-1 que Coinbase a rempli pour entrer en bourse aux États-Unis. Sans s’en cacher, le média promeut cette opération comme une forme de “Patronage+”. C’est donc une façon de soutenir le média et son développement, avec des contreparties : tokens $GENERALIST, prise de participation dans le média, acquisition de fragments de NFTs… et un nouveau produit éditorial avec une vraie valeur ajoutée pour tout le monde.

👉 Article initialement publié sur notre Medium

👉 Thread initial publié sur Twitter le 16 octobre 2022