Financement participatif : 4 conseils pratiques pour réussir
Le financement participatif, ou « crowd-funding » en bon anglais, peut faire passer dans une autre dimension les lancements de projet. S’il est bien mené.
On a en tête les campagnes très réussies de Epsiloon (près de 47000 préventes sur un objectif de 1500) ou de La Déferlante (Plus de 9500 préventes sur un objectif de 1000). Des débuts tonitruants qui ne sont pas dus au hasard.
Les plateformes comme Ulule ou KissKissBankBank sont déjà de bons conseil : préparer la campagne un maximum en amont, faire un “soft launch” puis élargir… Elles connaissent la recette et pour preuve, elles affichent un taux de réussite encourageant de 75% pour KissKissBankBank et 79% pour Ulule !
J’ai lancé moi-même Konkuru l’année dernière, une maison d’édition de mangas français, financée avec succès par ses lecteurs. J’ai beaucoup appris sur cette relation si particulière qui se tisse entre les porteurs de projet et les membres d’une communauté. Et sur la façon dont on peut l’exploiter au mieux.
1. Faites vraiment du financement participatif
Si vous faites appel au crowdfunding, c’est que vous avez besoin d’argent pour exister : vous avez besoin d’un premier public, d’une communauté qui vous soutienne réellement.
Votre constat de départ doit être :
“Je ne peux pas exister sans [une communauté, car j’ai besoin de] soutien financier”
Des personnes vont décider de vous soutenir car, outre l’adhésion à votre projet, elles se sentent utiles, voire essentielles.
❌ Vos contributeurs ne sont donc pas de simples clients. Tenez-vous éloigné le plus possible d’une relation simplement mercantile avec eux (j’achète ce que tu vends). Vous voulez une communauté engagée, active, qui adhère à votre projet, qui le soutient, qui sont des ambassadeurs.
🔎 Quels indicateurs pour en juger ? Commencez par regarder le nombre de commentaire sur votre page de crowdfunding. Pour Epsiloon : sur 24,610 contributions, on compte 21,745 commentaires ! C’est énorme !
2. Chouchoutez vos soutiens
Quand quelqu’un participe à un projet, il achète en quelque sorte sa carte de membre avec marqué“J’ai participé à l’émergence de ce projet”. Même si ça peut paraître désintéressé, il en attend insconsciemment quelque chose. Récompensez-le : il sera peut-être prêt alors, à vous donner encore plus.
Votre but est d’augmenter le panier moyen de vos contributeurs (et d’augmenter votre nombre de contributeur). Alors :
- N’hésitez pas à faire des remerciements publics. Les plateformes ont déjà des commentaires publics et le nom des contributeurs qui apparaissent par défaut. Mais étendez cela à votre projet : remerciez les contributeurs au sein du magazine comme le fait SoGood, dans un ou plusieurs numéros.
- Ne négligez pas les contreparties physiques. Facile à dire si vous lancez un magazine. Mais si vous lancez une newsletter, ajoutez des petits bonus “matériels” comme l’a fait Climax avec ses fanzines !
- C’est aussi l’occasion d’étendre l’univers de votre projet à d’autres dimensions : Myria Éditions propose par exemple de découvrir la bande-son de ses livres. Vous pouvez aussi organiser des événements à thèmes / soirée de lancement.
3. Ne lancez pas votre campagne si vous n’avez pas (encore) de communauté
La campagne de crowdfunding est un bon moyen pour se constituer une communauté de membres-fondateurs très engagée. Mais tout miser là-dessus pour réussir votre campagne n’est pas malin. Surtout si vous sortez de nulle part.
Commencez à constituer votre communauté bien avant votre campagne. Créez une newsletter ou des réseaux sociaux pour annoncer le projet, testez le produit, recueillez des retours, dévoilez des extraits. Avec Konkuru, nous avons attendu les 8000 abonnés Instagram avant de lancer la campagne, soit presque un an !
Si vous n’avez pas ce temps, il y a quelques astuces :
- Votre communauté existe peut-être déjà. Lors de leur relancement, les magazinesTêtu ou Métal Hurlant ont pu compter sur leurs abonnés historiques fortement attachés aux projets et valeurs des titres. Climax s’est lancé en s’appuyant sur les abonnés de Tech Trash, son autre newsletter.
- Une partie de votre future communauté est déjà sur la plateforme. Ils ont déjà ont crée un compte, programmé des alertes sur les projets qui les intéressent, vont souvent sur le site… Certains types de projets réussissent mieux sur des plateformes spécifiques car les niches y sont plus présentes.
- Pendant votre campagne, faites de vos soutiens des ambassadeurs. Pour cela, donnez-leur des armes et confiez-leur la mission de faire découvrir votre projet :
- Mettez en place un système de parrainage incitatif, qui permet de débloquer des récompenses au fur et à mesure des parrainages
- Créez des contreparties qui se partagent : l’abonnement à offrir, l’abonnement suspendu ou des packs entreprises
- Prenez exemple plus généralement,sur les mécaniques exploitées par Team For The Planet : publication Linkedin prête à poster, conseils et visuels à disposition…
4. Ne sous-estimez pas l’importance de la partie technique
Oui, la commission moyenne de 8% que prennent les plateformes n’est pas rien. Mais en échange de cela, vous avez accès à un écosystème testé et approuvé.
Si vous partez sur votre propre site, assurez-vous d’avoir tous les fonctions nécessaires (jauge de progression, modules de paiement / inscription, notifications…). Une erreur peut coûter très cher !
Une fois que vous êtes rôdé à l’exercice, que vous avez une communauté déjà constituée, et que vous vous êtes assuré d’avoir une “stack” technique qui fonctionne, lancez-vous ! C’est ce que la Revue Pays fait pour son cinquième numéro, ou bien Édifices éditions pour ses multiples campagnes.
Pour aller plus loin sur le sujet, je vous invite à :
- Écouter l’épisode de Mediarama enregistré avec Jean-Samuel Kriegk, Directeur des Opérations et de Développements chez KissKissBankBank
- La série d’interview de Médianes sur les lancements de médias (dont Epsiloon, La Déferlante..)
Par Robin Emptaz, Consultant Médias